mardi 30 novembre 2010

Une Histoire du jouet

Le jouet est depuis la nuit des temps désiré par les enfants. Il développe leur imagination et favorise leur développement physique et mental. De nos jours, avec  l’expansion des jeux vidéo, les jouets traditionnels tombent peu à peu dans l’oubli, la poupée et le soldat de plomb sont pour la plupart détrônés par les nouvelles technologies qui permettent aux enfants de passer d’un monde à l’autre en un clic. 

DR
Mais revenons quelques siècles en arrière, à l’âge des cavernes, quand les mamans  occupées à des tâches diverses et pénibles donnaient à leurs progénitures des cailloux polis, des coquillages pour les occuper et leur fabriquaient de petits personnages à l’aide de roches, bâtons et argiles. De nombreuses fouilles archéologiques ont permis de mettre à jour à différents endroits du globe les plus anciens jouets datant du IIIe Millénaire avant Jésus Christ : hochets, jouets à roulettes, petit mobilier en terre cuite… 
Généralement, le premier jouet était apporté par le père de l’enfant lors de sa naissance. Encore aujourd’hui, le nouveau né se voit offrir par son papa une peluche qui deviendra le doudou abîmé, décousu si cher à notre cœur. A l’adolescence, nos jouets sont vendus, données ou gardés bien précieusement au grenier pour les générations suivantes.  

Poupée avec des cheveux en perles de boue - Musée Egyptien- DR

Chariot sumérien- Musée du jouet de Moirans-en-Montagne - DR
Dans l’Antiquité, au moment de la puberté, ils étaient offerts aux Dieux, en guise d’offrandes : « Philoclète te consacre ô Hermès sa balle, ses osselets qu’il aimait tant, son rapide sabot, jouets de son jeune âge. » Les jeunes filles, quant à elles, conservaient leurs poupées jusqu’à leur mariage. Cet abandon du jeu marque le passage de l’innocence au monde adulte.


 Le jouet prépare à ce passage. Depuis le début de notre ère, il permet aux enfants d’être prêts pour leur rôle futur. Encore aujourd’hui, ils aiment imiter les grandes personnes et déploient beaucoup d’ingéniosité pour reproduire les êtres et les choses qui les entourent. Dans Les Nuées d’Aristophane, Strepsiade dit en parlant de son fils « Il était encore tout gamin et pas plus haut que cela qu’il fabriquait des maisons, taillait des bateaux, construisait de petits chariots de cuir et avec l’écorce des grenades, faisait des grenouilles à merveille. »

Particulièrement au XVIIe, les parents considéraient le jouet comme un véritable outil pédagogique, beaucoup plus qu’un objet ludique. Les figurines d’animaux associées aux reproductions miniatures des fermes apprenaient aux enfants leur futur métier d’agriculteur. Les jeux de guerre développaient l’esprit patriotique des garçons, les dînettes, maisons de poupées et poupées apprenaient aux fillettes leur rôle de maîtresse de maison. Au Musée d’art religieux de Sées dans l’Orne, est exposé un jeu de messe composé d’ objets liturgiques miniatures afin de parfaire l’éducation religieuse des enfants de la bourgeoisie et/ou susciter des vocations.


Certains jouets reflètent les grands évènements de l’Histoire, apparaissent et disparaissent au gré de l’actualité politiques, sociale, économique, artistiques… Les exemples ne manquent pas…En Asie Mineure, des archéologues ont trouvés des guerriers de terre cuite vêtus de courtes tuniques, un bouclier rond dans la main gauche et un glaive dans la main droite… Lorsque l’Europe résonnait des fracas des canons de Napoléon, les premiers jouets militaires étaient fabriqués en grand nombre… A 12 ans, Louis XIV s’initiait déjà aux exercices militaires sur un petit fort de guerre construit spécialement dans les jardins du Palais Royal où se livraient de vrais assauts avec de vraie poudre.


Mais il n’y aurait pas de jouets sans ces artisans et fabricants qui de leur mains délicates et minutieuses œuvrent dans leurs ateliers et assemblent les éléments qui font le plaisir des enfants.  Dans des temps plus anciens, il n’y avait pas d’artisans spécialisés dans la confection des jouets. Ils étaient fabriqués par des orfèvres, ébénistes, couturiers, menuisiers, charpentiers, ébénistes et tourneurs sur bois. Le savoir-faire de certains les a conduits à travailler pour la Cour. En 1543, Henri II passera commande d’un petit ménage de verre pour sa fille Diane. Au XVe siècle, les professions spécialisées commencent à faire leur apparition : les bimbelotiers font des dinettes de plomb et d’étain, les tabletiers réalisent des jeux et des jouets d’adresse, les tourneurs sur bois associés aux vanniers vendent berceaux, cerceaux, flûtes, billes, billards.  

Tableau d'Angelo Comte de Courten - DR
Au XVIe siècle, place aux poupetiers qui se développent grâce à leur habilité dans le moulage. Progressivement les poupetiers, qui employaient surtout des femmes,  seront absorbés par les bimbelotiers regroupés quartier de la rue Saint Denis entre 1600 et 1700. Au XIXe, la Révolution industrielle permet l’apparition d’usines spécialisées dans la fabrication de poupées dont les différentes étapes sont réparties entre ouvriers et ouvrières. Les hommes s’attachent à l’assemblage du système musculaire (épaules, coudes, poignets, hanches…), les femmes à l’apparence. Les yeux en verre sont fixés à la cire vierge, elles montent et tressent la chevelure, tracent et colorent les lèvres, sourcils et rouge aux joues. La poupée est ensuite confiée aux tailleuses, cordonniers, chapeliers qui l’habillent à la dernière mode. Dans bien des cas, leurs robes sont taillées dans les chutes des grands couturiers.

En 1823, à l’exposition de l’Industrie française, des poupées prononcent papa et maman quand on leur touche les mains, en 1826, elles bougent les paupières. Aujourd’hui, les poupées peuvent reconnaître et identifier des objets, la voix de leur propriétaire et choisir parmi des centaines de phrases préprogrammées pour répondre. 


Les jouets possèdent une histoire particulière. Ils ont évolué au fil des siècles en fonction des conditions sociales et économiques, des progrès technologiques, de la mode et de la culture du moment.  Nous avons tous eu une histoire particulière avec un jouet qui a bercé notre enfance, que nous avons possédé et aimé… Que vous soyez parents, grands-parents, adolescents….vous êtes tous concernés par cet univers synonyme d’amusement, de rire et de partage… Alors, laissez-vous aller et retrouvez ces plaisirs insouciants…

Pour aller plus loin…

-RABECQ-MAILLARD, M.M, Histoire du Jouet, Hachette, 1962
-THEIMER François, Les Jouets, Que sais-je ?, 1996
Disponibles à la Médiathèque Louis Aragon
-FOURNIER Louis-Edouard, Histoire anecdotique des jeux, jouets et amusements avant 1900, Le livre d’Histoire.

2 commentaires:

Unknown a dit…

Super initiative! Attend avec impatience le prochain numéro!

Orianne a dit…

Coucou les filles :)
Merci de ces partages forts forts intéressants !
Voici une info qui m'a fait penser à vous dans la programmation 2011 de la RMN : http://www.rmn.fr/francais/les-musees-et-leurs-expositions/galeries-nationales-grand-palais/expositions/des-jouets-et-des-hommes-2244

Belles fêtes de fin d'année à vous.