lundi 28 février 2011

Les femmes au cinéma

Un festival dédié aux femmes, professionnelles du cinéma

Affiche de la prochaine édition, DR
Du 25 mars au 3 avril prochain, aura lieu à Créteil le 33ème Festival International de films de femmes. Créé en 1979, il rassemble des réalisatrices du monde entier avec dans leurs bagages, des films qui reflètent leurs regards sur la société, leurs engagements politiques, artistiques et sociaux. Ce festival unique au monde rend hommage et soutient toutes les femmes qui travaillent dans l'industrie cinématographique (chef opérateur, scénariste, monteuse...), un univers trop longtemps réservé aux hommes.Leur différence les oblige à toujours travailler plus pour convaincre plus afin d'obtenir les moyens de réaliser leurs projets. Ce dispositif leur permet de diffuser leurs réalisations dans de bonnes conditions face à plus de 20 000 spectatrices/teurs. Et les initiatives ne s'arrêtent pas là. Depuis 8 ans, l'équipe développe un centre de ressources qui regroupent l'ensemble des documents du Festival (vidéos, articles, photographies...)... Dans les quartiers, des ateliers vidéos sont mis en place et accessibles uniquement aux femmes... Et les scolaires ne sont pas en reste, ateliers et conférences sur des thèmes transversaux tels que le sexe, le féminisme, le racisme, la violence, la prostitution, l'éducation... font facilement réagir les enfants et adolescents accompagnés de leurs professeurs dans cet apprentissage. Un engouement de la part de la population qui a incité la créatrice du festival, Jackie Buet à organiser des leçons de cinéma avec des réalisatrices qui, avec plaisir, partagent leurs parcours, leurs inspirations cinématographiques, la place de leur culture dans leurs films... Et cette manifestation en a convaincu plus d'un. Philippe Barron, a pu réaliser son documentaire « Neuf récits d’avortements clandestins », sur l’avortement clandestin dans les années 70. Grâce au Festival, il a pris des contacts, et a rencontré des femmes qui ont accepté de témoigner sur leur propre histoire.

Pratique: Leur site internet: http://www.filmsdefemmes.com/


 
Les femmes de l'ombre, Jean-Paul Salomé, 2008

Affiche officielle, DR
Synopsis : Engagée dans la Résistance française, Louise s'enfuit à Londres après l'assassinat de son mari. Elle est recrutée par le SOE, un service secret de renseignement et de sabotage piloté par Churchill. Dans l'urgence, on lui confie sa première mission, l'exfiltration d'un agent britannique tombé aux mains des allemands. Louise doit d'abord constituer un commando de femmes spécialement choisies pour les besoins de l'opération. Pour le recrutement, tous les moyens sont bons : mensonges, chantage, remises de peine. Elle engage Suzy, danseuse de cabaret qui excelle dans l'art de séduire les hommes ; puis Gaëlle, chimiste, spécialiste en explosifs ; enfin, Jeanne, prostituée, capable d'assassiner de sang froid. Parachutée en Normandie, elles sont rejointes par Maria, juive italienne, opérateur radio et dernière pièce du dispositif. La mission commence bien mais se complique très vite. Contraintes de retourner à Paris, le SOE leur fixe un nouvel objectif, presque suicidaire : éliminer l'une des pièces maîtresses du contre-espionnage nazi, le colonel Heindrich. L'homme en sait déjà trop sur les préparatifs du débarquement. Cinq femmes, loin d'être des héroïnes, mais qui vont le devenir.

La bande annonce http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18797248&cfilm=45085.html

La naissance d'un film...


Comme à son habitude lors de ses déplacement à Londres, Jean-Paul Salomé se plonge dans le Times. Il y a quelques années, il y lit une pleine page sur Lise Villameur, une résistante française de 98 ans qui vient de mourir. Intrigué par l'histoire de cette femme ayant travaillé pour les services secrets, créés par Winston Churchill, il décide d'approfondir le sujet par des recherches accompagnées d'historiens. Il découvre alors que cette femme, comme beaucoup d'autres, faisait partie de la French Section, une organisation composée d'agents français, formés en Angleterre afin d'opérer en France pour le compte des alliés. Suite à cela, Jean-Paul Salomé a eu l' "envie de raconter l'histoire de ces femmes méconnue en France, en s'inspirant de l'Histoire pour en faire un polar". Pour ce faire, il lui fallait le soutien et les conseils d'un historien en particulier, Olivier Wieviorka " je n'avais pas la prétention de faire une thèse sur la résistance pendant la Seconde guerre mondiale, j'ai donc demandé les conseils d'un historien, extrêmement réputé. Il nous a guidé pendant toute l'écriture afin que nous puissions nous inspirer des choses réelles qu'on aimait et qu'on puisse en inventer d'autres sans perdre notre crédibilité". L'équipe s'est également enrichi de nombreuses références cinématographiques. Le thème de la guerre a souvent fait l'objet de réalisations et au cours des visionnages, ils se sont rendus compte que ceux qui traversaient le temps avec un succès intact possédaient une esthétique, un décor, des coiffures et des costumes très soignés et précis.

Sophie Marceau, le rôle de l'aînée...


Actrice intemporelle, Sophie Marceau avait déjà eu l'occasion de travailler avec Jean-Paul Salomé pour le film Belphegor, le fantôme du Louvre. Pour cette nouvelle collaboration, elle y interprète Louise Desfontaine, fille de collabo, femme et sœur de résistants et partisane engagée. Inspirée de la vie de Lise, le rôle de Sophie lui a beaucoup appris sur cette phase de l'Histoire. Le scénario permet vraiment "d'avoir un regard nouveau sur la guerre que je n'avais jamais vu." Louise Desfontaine est une femme déterminée, peu expensive et démonstratrice. Elle vit dans l'action et ne croit pas en autre chose qu'en l'homme et ses convictions. Elle suit, elle marche et se relève. "Il y a quelque chose de mécanique chez toutes ces femmes".
Jean-Paul Salomé ne souhaitait pas brosser le portrait et la vie d'une seule femme mais d'un groupe afin d'y aborder plusieurs réactions possibles face à une même situation et comment en ces temps difficiles, des femmes peuvent s'entraider: "J’avais vraiment envie de rendre hommage aux femmes de la résistance, car celles qui ont eu la chance de survivre n’ont pas eu des vies simples, après la libération. Nombre d’entre elles ont eu du mal à retrouver une place, car aux yeux des hommes, elles sont passées pour de drôles de femmes. Elles avaient une certaine indépendance, n’avaient pas froid aux yeux, et on se demandait jusqu’où elles étaient allées. Leur héroïsme ne les a pas aidées dans leur vie de femme." Il ne s'agissait pas de faire un film "mission impossible", nourri de cascades en tous genres, mais de montrer des femmes impressionnantes par leur courage, leurs personnalités et les moments émotionellement et humainement durs à traverser.

Les femmes de l'ombre, extrait du film, DR

Un tournage en décors naturels...

Le travail sur les décors a tout d'abord débuté par une recherche iconographique intense pour une reconstitution parfaite. Une des difficultés des histoires récentes est précisément cette proximité, raconte la chef décoratrice Françoise Dupertuis. La mémoire des lieux et des faits est encore présente dans tous les esprits, particulièrement pour ce qui touche à la dernière guerre. Il est difficile de montrer et de représenter à l'image certaines séquences liées à la violence, à la souffrance, la réalité étant supérieure à toute forme de représentation. C'est pourquoi je me suis attachée pour ces séquences-là à travailler l'idée que la banalité, le quotidien, les détails anodins, si on les multiplie, les ordonne, les dispose en séries, prennent une dimension qui peut les rendre inquiétants, angoissants, stressants. Pour les extérieurs parisiens, on a procédé à l'inverse et on a créé du vide, afin de donner davantage de poids aux informations visuelles que l'on montrait."Jean-Paul Salomé a fait le choix de tourner dans des décors naturels et non pas en studio. Il s'en explique : "Nous ne voulions pas tourner en Roumanie ou en Hongrie. Il y avait un devoir de vérité et un plaisir du spectateur d'essayer de recréer le Paris de l'époque. Avec Eric Névé, le producteur, on a choisi de retrouver des lieux originaux. Il a fallu les aménager, mais les prisons ou les caves ayant servi à la Résistance sont des lieux chargés d'une émotion difficile à recréer en studio. Néanmoins, cela n'a pas toujours été possible, certaines personnes ont refusé qu'on vienne tourner chez elles, parce que le souvenir était encore trop frais pour elles ou qu'elles ne voulaient pas que l'image de leur établissement soit de nouveau associée à cette époque-là."

Pour en savoir plus:
- La master class avec le réalisateur et Sophie Marceau: http://www.wat.tv/video/femmes-ombre-sophie-marceau-j5zy_2fkwf_.html
- Le film est disponible en DVD à la Médiathèque Louis Aragon et à l'Espal au Mans


 
Le sourire de Mona Lisa, Mike Newell, 2002

Affiche officielle, DR
Synopsis: En 1953, Katherine Watson, une jeune femme libre d'esprit, fraîchement diplômée de l'université de Bekerley, intègre la prestigieuse école pour filles de Wellesley pour enseigner l'histoire de l'art. Déterminée à affronter les mœurs dépassés de la société et de l'institution, elle va insuffler à ses étudiantes, dont Betty et Joan, l'envie de se dépasser et d'avoir le courage de mener l'existence qu'elles souhaitent réellement vivre.

La bande annonce http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18358922&cfilm=40141.html

L'idée du scénario...


60 ans nous séparent de cette époque où les femmes tenaient leur rôle de femmes d'intérieur à la lettre, sans débordement. Leurs avis ne comptaient pas, leur désir encore moins. C'est en lisant un article sur les années d'études de Hillary Clinton à l'université de Wellesley, l'université féminine la plus prestigieuse et rigoureuse, que l'équipe a eu l'idée du Sourire de Mona Lisa. Un titre en lien avec la profession du personnage principal interprété par Julia Roberts, Katherine Watson. Professeur d'histoire de l'art, le tableau de Léonard de Vinci est donc incontournable dans ses références. Son sourire énigmatique fascine depuis des siècles et la question est posée par une des élèves "La Joconde sourit, mais est-elle heureuse?". Ces femmes sans carrière, avec pour seul but de posséder les derniers ustensiles à la mode sont-elles vraiment heureuses? Les scénaristes ont découvert que "les étudiantes apprenaient la littérature française et la physique le matin, et comment servir le thé au patron de leur futur mari l'après-midi... Le contraste entre l'érudition de ces étudiantes et la formation au métier d'épouse modèle était frappant. Cela nous a donné envie d'en apprendre davantage".

Katherine Watson et ses étudiantes, extrait du film, DR

Les actrices ont dû suivre des cours de maintien...

Les personnages devaient être authentiques. Pour ce faire, les scénaristes se sont basés sur des photographies de l'époque pour créer de toutes pièces des histoires personnelles comme celle de Betty Warren, la rédactrice du journal universitaire. Ils ont également interviewé d'anciennes élèves de Wellesley, certaines ont abandonné leurs études pour se marier et fonder une famille quand d'autres ont trouvé le courage de continuer et de faire carrière. Ces recherches ont permis de mettre en place un programme complet d'apprentissage pour les actrices, qui ont dû se familiariser avec les usages, le comportement et les expressions avec Lily Lodge une spécialiste, et les styles de danse des années 50: tango, valse, swing et rumba avec Yvonne Marceau.

Un tournage à Wellesley...


Quoi de mieux que de tourner dans les lieux même de cette fiction. C'est avec un grand plaisir que l'université de Wellesley a reçu l'équipe du film et les actrices Julia Roberts, Kristen Dunst, Julia Stiles et bien d'autres. Après avoir eu accès aux archives, le réalisateur Mike Newell a pu filmer en toute liberté le campus pittoresque, conçu par l'architecte paysagiste Frederick Law Olmstead, à qui l'on doit aussi Central Park à New York. Malheureusement pour l'équipe, l'occupation des lieux fut limitée à 6 jours pour ne pas perturber la vie des étudiantes... Plusieurs scènes furent tournées à Tower Court, Severance Green, Founders et à la Houghton Memorial Chapel.

Une recherche poussée pour la conception des costumes
Le chef costumier Michael Dennison a mené de nombreuses recherches sur la période. Il lui a fallu créer pas moins de 350 costumes pour les acteurs principaux et 7000 pour les figurants. Un travail très important et minutieux. Pour le personnage de Julia Roberts, il est allé jusqu'en Californie afin d'étudier les styles de mode de villes plus progressistes comme Berkeley et Long Beach. La robe de mariée de Betty est inspirée des photos des mariages de Jacqueline Bouvier Kennedy et de Grace Kelly.

Pour en savoir plus:
- Le film est disponible aux Saulnières au Mans

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