lundi 28 février 2011

Notre coup de coeur pour Anna Sagna

Jusqu'au 23 mars au théâtre de l'Espal du Mans, vous pouvez voir l'exposition Sortie de l'ombre qui réunit pour la première fois une centaine d'œuvres jamais exposées d'Anna Sagna. Notre ville connaît déjà bien la famille Sagna pour avoir accueilli les deux filles d'Anna, chorégraphes sur la scène du théâtre de l'Espal. Femme secrète, Anna Sagna n'a jamais montré son travail. Elle souhaitait conserver son univers, et l'essence même de son travail intacte pour ne pas le dégrader au contact du marché de l'art et des critiques. Décédée en 2007, ses filles, Caterina et Carlotta, voulaient sortir de l'ombre les peintures, dessins, collages et carnets de leur mère. Pari réussi.

Qui était Anna Sagna?

Autoritratto, 04/1999
A la fois peintre, danseuse et chorégraphe, elle a suivi une grande partie de sa formation à Turin. Elle intègre notamment un lycée artistique qui va révéler sa passion pour la peinture. En 1946, inscrite à l'Accademia Albertina, elle sera l'élève de Felice Casorati, avant de suivre les cours de son oncle Teonesto Deabate. Nourrie et enrichie de ses deux principaux maîtres, l'un intransigeant et l'autre provoquant la liberté d'expression de ses élèves, elle se constitue une palette artistique unique. Intriguée par elle-même et dans une recherche constante de sa propre identité, elle créera de nombreux autoportraits comme pour mieux s'observer et se décortiquer.
Peintre, Anna Sagna était aussi danseuse. En 1936, elle devient l'élève de Bella Hutter, créatrice de la première école de danse moderne italienne caractérisée par un enseignement basé sur l'improvisation. Douée, elle devient costumière et scénographe pour les spectacles de son école. Dans les années 70, Bella Hutter lui propose de s'occuper d'un cour, une grande responsabilité d'autant plus qu'elle doit s'inventer un style chorégraphique original à transmettre aux élèves.

L'exposition...


Série d'autoritratto réalisée entre février et juillet 1991

Au premier coup d'œil, il n'est pas difficile de remarquer la présence de nombreux autoritratto (autoportrait). Non par narcissisme mais par pur travail sur sa propre essence physique et psychologique décortiquée sous toutes les coutures. Anna Sagna fait véritablement partie de son œuvre, elle se constitue comme le matériau de son art. Elle entend par une introspection trouver ce qu'elle possède de profondément humain avec une grande générosité et authenticité. Il n'y a pas un tableau sans une présence humaine ou figurative. Par ci par là se dessinent les contours d'une bouche, d'un œil, du sommet d'un crâne... d'une façon très simple et très abstraite.

" Nous avons tous une couleur qui nous apporte une émotion extrême, et quand nous la voyons nous sommes heureux, parce que nous la reconnaissons et nous en jouissons. Aucun de nous n'est une île, nous nous nourrissons tous de ce que nous voyons, personne n'est séparé de son milieu, de l'histoire, de l'époque dans laquelle il est plongé." Interview d'Anna Sagna, Turin, 12 novembre 2002

Addio non so riente, Adieu je ne sais rien, 28/05/2002
Une particularité du travail d’Anna Sagna réside peut-être dans la quantité d’autoportraits réalisés. Comme si Anna Sagna était partie de ce qui était au plus près d’elle-même – elle – pour mener son exploration de l’être humain dans ses multiples visages. Travail sans concession, libre... au plus près du vécu, juste sous la peau, dans l’instant, l’intime, secret. Elle nous permet, à travers cette mise à nu d’elle-même, de voir ou d’entrevoir quelque chose de notre propre quête, de nos combats, de nos aspirations les plus profondes. Point d’égoisme ou de narcissisme dans ce travail qui témoigne d’une très grande exigence avec soi-même et qui génère – semble-t-il – de fait pour son auteur, une très grande vulnérabilité. Pas étonnant, donc, qu’après l’une ou l’autre expérience d’exposition malheureuse, mal comprise, Anna Sagna ait préféré poursuivre, 30 années durant, son travail dans le secret de son atelier, n’exposant plus jamais. Nous sommes fiers aujourd’hui de présenter cette rétrospective de l’œuvre d’Anna Sagna.” Harry Rosenow
Pratique:
60-62 rue de l'Esterel - 72 058 Le Mans Cedex 2
Horaires d'ouverture (hors vacances scolaires): Lundi 14h-17h, Mardi et Mercredi 10h-18h30, Jeudi 14h-18h, Vendredi 10h-18h, Samedi 10h-17h.
Horaires d'ouverture (lors des vacances scolaires): Lundi 14h-17h, Mardi et Mercredi 10h-12h30 et 13h30-18h30, Jeudi 14h-17h, Vendredi 10h-13h et 14h-17h, Samedi 10h-17h.
Entrée libre

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