vendredi 1 avril 2011

La mode et le cinéma

Affiche officiel du film Picture me,D.R
L'univers de la mode a fait l'objet de nombreux films décrivant sous "toutes les coutures" les dessous d'un monde étrange et inaccessible... Lagarfeld Confidential, The September Issue...


Commençons par les mannequins... Ces jeunes filles qui, la plupart du temps, n'ont pas encore atteint leur majorité et sont mises à nu sur les podiums face aux requins de la photographie et du journalisme. Une situation que la plupart d'entre elles n'arrivent pas à gérer. Sous pression à toute heure de la journée et de la nuit, elles vivent une expérience hors du commun au prix parfois de lourds sacrifices et se posent beaucoup de questions sur leur carrière : Jusqu'où suis-je prête à aller pour l'argent et le succès ? Jusqu'à quand vais-je tenir ?

Picture me, le journal vérité d'un top model
Sara Ziff et son ex-boyfriend Ole Schelle avec qui elle a réalisé le film, D.R

Ce documentaire, composé de rushes, sortit en 2010 retrace la vie de plusieurs mannequins et de la réalisatrice Sara Ziff. Repérée à l'âge de 14 ans, alors qu'elle sortait de l'école, Sara devient très vite un top model à succès pour Calvin Klein, Stella McCartney et Dolce Gabanna. Avec son ami de l'époque, Ole Schelle, étudiant en cinéma, ils vont s'amuser pendant 5 années à filmer l'envers du décor entre défilés et fashion week, voyage entre Milan et New York... et confier notamment quelques caméras à d'autres mannequins, amies de Sara, qui ont pris beaucoup de plaisir à se filmer sous forme de chroniques. Tout ce travail devait rester dans l'ombre, jusqu'au jour où le père d'Ole s'est aperçu que ces captations avaient une grande valeur et pouvaient faire l'effet d'une bombe médiatique dans monde de la mode notamment soulever des problèmes comme l'anorexie, le respect des lois sur leurs temps de travail, l'âge des modèles, de plus en plus jeunes et très vulnérables notamment face aux photographes... Un des témoignages a d'ailleurs dû être supprimé la veille de la projection. Une des mannequins interviewées, par peur de représailles, y dévoilait le nom du photographe ayant abusé d'elle.

Sara Ziff a fait les frais de cette vie de paillettes plus sombre qu'il n'y paraît. L'une des séquences les plus marquantes la montre en larmes après un défilé. Dans les coulisses, les mannequins ne disposent d'aucune intimité. Elles doivent enchaîner les tenues très rapidement et ne prennent pas le temps de se cacher. Elles se retrouvent donc entre deux passages, la proie de photographes peu scrupuleux qui profitent de l'agitation pour prendre des clichés d'elles en sous-vêtements ou nues. "Il y avait ce type qui prenait des photos, sanglote-t-elle. Je lui ai dit d'arrêter de me prendre en photo quand j'étais nue, mais au lieu d'arrêter, il m'a répondu : "Tu auras peut-être le privilège de poser pour moi un jour." Dans ce métier, leur corps ne leur appartient plus, elles se transforment petit à petit en poupées vivantes qui ne se contrôlent plus.

Sara Ziff en pleine séance de maquillage, D.R

Leur rythme de travail est également assez soutenu. Elles sont jeunes, devraient avoir le droit de profiter de la vie comme toutes les autres de leur âge. Au lieu de cela, elles sont sur les podiums 7j/7, assurant quatre ou cinq défilés par jour qui demandent parfois des heures et des heures de répétitions. Une autre séquence montre Sara en pleure au téléphone suppliant son agent d'annuler une séance de photos à Paris "Je suis épuisée, je suis vidée, et ça se voit, je t'assure, j'ai un peau horrible...".  Ce jour-là, elle s'est retrouvée avec une frange pour cacher les boutons sur son front et un large sourire devant l'objectif... "Marche ou crève"

Les vêtements des créateurs doivent être portés par des jeunes filles minces car "une femme avec des formes attire l'attention sur son corps et son sex-appeal, ce qui fait passer les vêtements au second plan. Les vêtements semblent mieux coupés sur une fille mince, et si tous les mannequins ont la même carrure, la collection paraît plus homogène. Ce qui revient à dire que les vêtements ne sont pas faits pour être portés sur des corps!"

Et lorsqu'elle ne sont plus de simples corps, de simples robots à qui on "arrache les paupières et tirent les cheveux", elles doivent se reconvertir. La "retraite" pour un top model arrive vite. A 22 ans, elles sont mises au placard et vite remplacées. "Tout ce qu'il me reste de ces années, ce sont des vieilles photos et des placards remplis de vêtements chers. Mais ce n'est pas de cela que j'ai besoin" dit une des amies de Sara dans le film. Heureusement pour la jeune réalisatrice, âgée aujourd'hui de 26 ans, elle a repris le chemin de l'Université de Colombia avec un dossier jugé "remarquable" pour faire autre choses de sa vie et montrer qu'elle n'était pas qu'un corps mais aussi un esprit. Elle a repris des études de politique américaine et vit dans un studio à Manhattan. Il lui arrive de faire des photos de temps en temps mais uniquement pour le plaisir.

De plus en plus, les mannequins s'expriment et parlent ouvertement de leurs conditions de travail. Certains créent des associations comme Victoria Keon-Cohen et Dunja Knezevic qui revendiquent de meilleurs conditions et des vacances pour chacune d'entre elles.

Le diable s'habille en Prada réalisé par David Frankel en 2005

Affiche du film, D.R

Bande annonce http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18700095&cfilm=61445.html

Andrea Sachs, une étudiante quelconque, fraîchement diplômée veut devenir journaliste ... Elle a le choix entre le magazine de l'auto et LE magazine féminin Runway qu'elle choisit pour passer l'entretien décisif et qui lui ouvrira les portes des plus grands quotidiens. Imaginez la scène. Andrea Sachs, interprétée par Anne Hathaway, arrive, un long manteau défraîchi sur le dos, les cheveux "raplaplas" et gras, un cartable en cuir à la main dans les bureaux de Runway pour rencontrer Miranda Priestly, le diable de la mode, la voix de la raison quand il s'agit de parler créateurs. Voici leur première conversation qui donne le ton au film:


Miranda : Avez-vous déjà lu Runway.
Andréa : Non
Miranda : Connaissiez vous ce magazine avant ?
André : Non.
Miranda : Et donc vous n’aviez jamais entendus parler de moi ?
Andréa : Non.
Miranda : Et vous n’avez aucune classe, aucun style...
Andréa : Ah ça, je pense que ça dépend...
Miranda : Non, non ! Ce n’était pas une question !



Le diable et sa toute nouvelle assistante face à face, D.R

Et pourtant contre toute attente, Andréa est engagée. Entre les incessantes moqueries de sa collègue Emilie qui "fait un régime pour Paris" et "ne mange rien et juste avant de m’évanouir, j’avale un petit cube de fromage. Une gastro par dessus et ce sera parfait !", les colères de sa patronne et les innombrables missions impossibles qu'elle lui confie, comme trouver le dernier tome non publié d'Harry Potter, Andréa Sachs saura garder la tête froide ... ou presque !



Meryl Streep est Miranda Priestly, D.R

Il faut l'avouer
Le diable s'habille en Prada est comme qui dirait "un film de filles" ... De New-York à Paris, le défilé des tenues plus belles les unes que les autres n'est pas sans rappeler une certaine série ... Et j'ai nommé Sex and the city ! Et pour cause, le réalisateur David Frankel a réalisé quelques épisodes avant de s'attaquer à un long métrage sur le thème de la mode et ses rouages.  Son scénario, il le tire d'un roman écrit par Lauren Weisberger, traduit dans 27 langues et lu par des millions de fans, toute légitime dans cette démarche puisqu'elle a elle-même travaillé pour Vogue en tant qu'assistante d'Anna Wintour qui en est la rédactrice en chef. Pour préparer son rôle Anne Hathaway a travaillé en salle des ventes chez Christies pour s'habituer à l'ambiance de bureau, mais le plus important fut sûrement de trouver son look et le ton juste dans l'évolution de son personnage. Pour l'actrice "le style est plus important que la mode, on ne peut pas acheter un style on doit y réfléchir."

Notez que la costumière, Patricia Field avait déjà travaillé avec David Frankel pour
Miami Rhapsody en 1995. Elle a notamment obtenu un Emmy Award pour son travail sur la série Sex and the city. Pour Le Diable s'habille en Prada, elle a créé de toute pièce le look de la reine de la mode de Meryl Streep et celui de la fashionista d'Anne Hathaway. Pour Miranda Priestly, elle voulait, en accord avec l'actrice, trouver un style visuel fort "les femmes qui travaillent dans le milieu de la mode ne changent jamais leur look, elles trouvent leur style et le gardent jusqu'à la fin". Pour cela, elle a fait appel à Chanel qui lui a prêté sa collection couture 2006 en exclusivité ... Elle a également réussi à se procurer des créations de chez Valentino, Donna Karan, Bill Blass, Galiano et bien entendu Prada.



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