dimanche 1 mai 2011

L'art contemporain et la mode

Depuis quelques années, l’art contemporain inspire la mode (et vice et versa) qui place les défilés de mode au rang d’œuvres d’art révélant un fort contraste entre la réalité du marché de la rue et la créativité.

De la création, aux défilés qui frôlent parfois la performance artistique, la mode s’expose, ose et surtout expérimente. L’artiste et le couturier sont deux figures aux mêmes ambitions d’où des collaborations expérimentales nombreuses et diverses (Martin Margiela, Hussein Chalayan, Issey Miyake, Victo&Rolf …). Elles enrichissent l’imaginaire des deux parties, leur lancent des défis mais ne répondent pas aux enjeux commerciaux du prêt à porter de nos jours. Ces créations ne sont produites qu’en petites séries vendues à de riches client(e)s.

Depuis le début du XXème siècle, les artistes cherchent à dynamiter les formes établies pour créer d’autres espaces de liberté : l’expression de la pulsion de vie (Fauvisme), l’exaltation du progrès (futurisme italien), la déconstruction du corps et de l’espace (cubisme), les voies de « l’abstrait » (Kandinsky, Mondrian), la suprématie de la sensibilité pure (Malevitch). Avec Marcel Duchamp, les objets du quotidien deviennent une source d’inspiration au service de la réinterprétation et d’une utilisation détournée. L’art est alors relié à la vie.

Des liens viscéraux entre les mondes de l’Art et de la Mode se tissent alors, dans l’effervescence de la modernité. En s’emparant du vêtement, certains artistes vont considérablement faire évoluer la notion de création dans la couture, de même que certains couturiers vont capter ces différentes mutations.

Thayaht collabore par exemple avec la maison de haute couture Madeleine Vionnet. Ses conceptions sont inspirées du cubisme et de l'œuvre de Le Corbusier,Sans passer par le dessin préparatoire, elle coupe directement dans le biais du tissu des formes géométriques primaires (carré, rectangle, cercle) qu’elle transmute en des drapés d’une pure fluidité. 

La robe homard , D.R

Le chapeau-chaussure, D.R

Avec le Surréalisme, les passerelles entre le monde de l’art et l’élite de la couture vont se multiplier : les collaborations de Dali avec Elsa Schiaparelli donneront naissance à des créations emblématiques comme « la robe Homard » (1930), « Le chapeau chaussure »… Chanel, elle aussi, travaille avec Dali ou Cocteau, réalise des costumes de ballet pour Ballanchine. Dans cette effervescence, la Maison Jeanne Lanvin innove dans la communication d'une image en phase avec le goût de l’époque, grâce au concours de l’architecte décorateur Armand Rateau, très en vogue entre les deux guerres. 

A Paris, une nouvelle génération de couturiers continue d'élargir son champ d’inspiration. Yves Saint Laurent rend hommage aux artistes qu’il admire avec la fameuse « robe Mondrian » en 1965, sa collection Pop en 1966 qui traduit l’influence de ce mouvement artistique américain.

La robe Mondrian, D.R
 A croire que le motif Mondrian ne se démode pas. Encore aujourd'hui, il n'est pas rare d'en croiser dans les magazines féminins ou sur une publicité.

D.R
Quand Nike se "mondrianise", D.R

Braque, Matisse ou Van Gogh reprennent également vie au fil de ses collections. Résolument tourné vers le futur, exploitant des matières audacieuses comme les robes en métal de Paco Rabanne, issues de la collection « Les importables » (1970) 

L'une des importables de Paco Rabanne, D.R

Dans  les années 80, une nouvelle génération d’artistes se saisit de la rue, de la BD, du melting-pot social. Jean-Charles de Castelbajac, immergé dans l’air du temps, crée des collections où il invite ses amis artistes : Combas, Blais, Di Rosa ou Ben à investir le support du vêtement.

Le résultat de la collaboration de Ben et CastelBajac , D.R

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